Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Au dessus de Chiba
23 avril 2007

Zoulou Kingdom

Zoulou Kingdom de Christophe Lambert est une uchronie qui prend place durant la guerre entre les Zoulous et l'empire britannique, vers 1880. La divergence se produit lorsque, aidé par un puissant sortilège, l'armée zouloue se transporte jusqu'à Londres et attaque la capitale de la Reine Victoria.

Déjà, ça ne commence pas très bien. Cette irruption du fantastique sent un peu trop le Deus ex machina, mais bon. On accepte. La suite du roman va raconter l'assaut, puis le naufrage (dans ses notes de fin, l'auteur cite explicitement le Titanic de Cameron comme modèle) à travers plusieurs personnages. Une sorte d'Allan Quaterman flanquée d'une jolie Zouloue, un jeune officier idéaliste et amateur de wargames, un officier de police londonien à la poursuite d'un meurtrier qui se plait à éventrer de jeunes filles dans les quartiers misérables de la ville, un jeune docker marxiste qui entend profiter des événements pour lancer la Révolution,...

Et c'est là que le roman montre ses deux principaux défauts. D'abord, comme beaucoup d'oeuvres uchroniques ou de steampunk, l'auteur ne peut s'empêcher de faire de l'érudition pour le simple plaisir d'épater la galerie. Et nous voila soumis à une avalanches de grandes figures historiques : Jack l'éventreur, Marx, Allan Quaterman, Abberline, HP Lovecraft, la reine Victoria, l'homme-éléphant, HG Wells... bref, il ne manque que l'homme invisible et Sherlock Holmes pour être au complet. L'accumulation de références, qui cessent de servir l'histoire tant elles se bousculent au portillon, vient gâcher ce qui aurait pu être un bon roman d'aventure.

Second problème lié à cette accumulation : à force d'introduire des personnages, des histoires secondaires, des intrigues qui s'entrecroisent, Lambert se retrouve obligé de bacler l'ensemble. Les personnages, même les principaux, ont une psychologie minimaliste, leur crédibilité même est remise en doute tant leurs motiviations, leur histoire, leur passé semblent ténus. Face à tous ces personnages britanniques, les Zoulous ne sont pas mieux lotis. Au contraire, comme dans les vieux films de Tarzan avec Weismuller, les Africains sont réduits au rôle d'une masse indisctincte de méchants, une sorte d'épouvantail qui apparait et disparait par enchantement de l'histoire.

Enfin, le style de l'auteur est une autre source de frustration. On sent bien qu'il a voulu décrire l'effondrement apocalyptique de la plus grande ville du monde. Tous les éléments sont là : agitaiton sociale, psychopathe en liberté, invasion étrangère qui semble invincible, incendie... Les scènes sont conçues pour amener des événements d'une grande ampleur, du drame, de l'héroïsme... et pourtant ça ne passe pas, ça ne décolle pas, l'écriture reste plate, factuelle, sans âme.

Bref, sur un sujet alléchant, une bonne idée pas très bien exploitée et, au final, un résultat assez frustrant, même s'il reste un bouquin divertissant.

J-F S.

Publicité
Commentaires
Au dessus de Chiba
Publicité
Publicité