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Au dessus de Chiba
24 octobre 2005

La cité des crânes

Lecture du dernier roman de Thomas Day, La cité des crânes (éd. du Belial). Bon, c'est mitigé, comme impression... Ce roman se présente comme en partie autobiographique : l'auteur-narrateur, écoeuré par l'Occident en général et par les élections présidentielles de 2002 en particulier, part en Asie du sud-est. Bordels glauques de la Thaïlande, whisky à gogo, drogues diverses, mal de vivre... Le début du livre est un peu maniéré, un peu irritant, comme si Vincent Delerm avait voulu écrire un "Bukowsky à Bangkok".
Lorsque le narrateur se fixe dans un village paumé où il devient patron de bordel et tombe amoureux de l'une des prostituées, l'intérêt du roman remonte de plusieurs crans. Pour deux raisons : Thomas Day écrit bien, et son ton est authentique. Son évocation des rapports sulfureux qu'il entretient avec cette partie du monde, le tableau de l'Asie qu'il dresse, l'exercice périlleux de l'autobiographie entraînent le lecteur et permettent d'oublier les petits détails agaçants (le narcissisme, inhérent à toute autobiographie, le ton moralistateur de Thomas Day "je ne suis pas Houellebecq", la fascination que l'auteur a pour sa bite et les différents orifices dans lesquels il la met...).
Et puis la fin du livre part dans un délire plus ou moins fantastique, vraisemblablement inspiré par Apocalypse Now, mais qui vient un peu comme un cheveu sur la soupe. Intervenant trop brutallement et sans trop de justification (si ce n'est celle d'écrire dans une maison d'édition "de genre" et d'avoir l'étiquette "écrivain de SF" collé sur le dos... alors que Thomas Day proclame souvent haut et fort son horreur des étiquettes !), cette fin n'apporte pas grand chose et ne répond qu'à peine aux questions soulevées dans le reste du roman.
C'est donc un livre que j'ai eu du mal à commencer, dont la fin m'a déçu, mais que je recommande pour la partie centrale. Malgré tous ses côtés agaçants, Day est touchant lorsqu'il se livre ainsi et raconte un pays dont il est tombé amoureux. Et son style, très évocateur, mérite le détour. Last but not least, il m'a donné envie de revoir Apocalypse Now et de découvrir les romans de Conrad. Une interview de Day à propos de La cité des crânes est lisible sur Actu-SF.

J-F S.

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