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Au dessus de Chiba
18 novembre 2005

Utopiales - 1

Lecture non en cours : Cécilia Sarkozy entre le coeur et la raison, de Valérie Domain.

À la demande générale de Sylvie Laîné, quelques impressions sur le festivale Utopiales qui vient de s'achever à Nantes. Il y avait beaucoup de choses... Par quoi commencer ? Le plus sérieux, les conférences et tables rondes. Le programme était fourni et, bien entendu, entre le temps passé au bar, à la librairie ou ailleurs, je n'ai pas pu assister à toutes, loin de là.

 

J'ai attaqué le week-end par "SF et nouvel ordre mondial". Décevant. Le problème de ce genre de table-ronde, c'est que tout le monde est d'accord avec tout le monde, public et conférenciers confondus. Alors, on a gentiment applaudi aux diatribes de Damasio, Morrow, della Chiesa, etc. contre l'argent-roi, le méchant libéralisme et l'affreux Georges Bush, mais au final ça n'a pas fait avancer grand chose. Je me suis même laissé dire que, malgré les courageuses prises de position du gratin de la SF mondiale, le gouvernement français avait persisté dans son projet de prolonger le couvre-feu pour la France d'en-bas. Panchard qui, à la convention de Tielff, avait dit grosso-modo "la politique, rien à fiche, moi je fais de la SF" a vainement tenté d'animer le débat en fustigeant (quelle audace !) le politiquement correct et les méchantes lois liberticides, mais en vain. S'il n'avait pas été suisse, il aurait sans doute décrié les infââmes 35 heures, tel qu'il était parti, mais hélas, ce ne fut pas le cas. Au final, c'est la remarque de James Morrow qui résume le mieux la vacuité de ce genre d'exercice : "Ce qu'il y a de bien dans ces manifestations, c'est que les auteurs de SF peuvent s'amuser à jouer les sociologues ou les historiens" (de mémoire, et traduit par mes soins...)

 

J'ai malencontreusement manqué la conférence des frères Bogdanoff, pourtant le gros événement médiatique du festival, pour participer à un très intéressant débat qui se tenait au stand Noosfere, près du bar : Les Bogdanoff se sont-ils fait faire un lifting ? La réponse est probablement oui pour les deux.

 

Le samedi matin, j'ai réussi à me lever pour la conférence "Ecriture mode d'emploi", avec Panier-Alix, Ecken, Valéry, Dunyach et, après quelques mésaventures, Vonarburg. Grâce à Francis Valéry qui a décidé de tirer sur tout ce qui bougeait, et à Elisabeth Vonarburg qui n'est pas décidée à se laisser faire, le débat est plutôt animé. On y discute de l'intérêt ou non des ateliers d'écriture, du statut de l'écrivain, artiste ou artisan, de la difficulté à se rebeller contre les conventions (style, genre, orthographe...). Bref, c'est foisonnant, un peu bordélique mais bourré d'énergie.

 

La conférence "Idées et images dans la SF", avec Dufour, Peeters, Calvo, Bajram, Dunyach et Ligny, commence de façon un peu plus calme. Mais rapidement, ça s'anime aussi, en particulier grâce à David Calvo. La discussion part dans tous les sens, traite des rapports entre image, imaginaire et écrit.

 

J'ai aussi assisté au début de la rencontre avec Neal Stephenson. Grosse surprise : l'auteur du Samourai virtuel ou de l'Âge de diamant est beaucoup moins drôle que ses romans. Durant toute la première partie de l'interview, malgré les efforts de PJ Thomas pour détendre l'athmosphère, il garde sur le visage une expression de gardien de goulag en pleine collique néphrétique. Étonnant.

 

Le lendemain, je suis d'une oreille distraite une table ronde sur la science dans l'oeuvre de Jules Verne, centenaire oblige. La discussion glisse assez vite sur les théories du complot (Jules Verne était-il franc-maçon ?). Bien certain qu'il existe un complot du gouvernement visant à faire taire les paranoïaques, je préfère ne pas donner mon opinion sur ce difficile sujet.

Enfin, avant de reprendre le train, j'écoute le début de la table ronde sur l'anthologie dirigée par R Comballot et J Heliot sortie chez Mnémos, en hommage à ... Jules Verne, bien sûr. D'intéressantes interventions de Mauméjean, Lehman et un troisième dont j'ai oublié le nom (Ligny ?) sur la génèse de leur texte, en particulier dans le cas d'un "hommage" à rendre à un grand classique.

 

Gros point noir de ce long week-end : l'absence de Jeffrey Ford, sur les textes duquel je m'enthousiasme depuis quelques semaines. Ce cuistre a trop regardé Fox News, et il a donc préféré rester chez lui plutôt que d'affronter la War in France. C'est bien la peine d'habiter un pays où on est prêt à bouffer de l'Irakien au petit-déjeuner tout en vitrifiant les montagnes afghane, si c'est pour avoir la trouille d'un malheureux Molotov lancé par la main malhabile d'un pré-adolescent en survêtement !

J-F S.

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