Premier tour du Rosny
Joseph Altairac vient de publier les résultats du premier tour du prix Rosny-Aîné
(ce prix, déterminé par le vote de tous ceux qui le souhaitent pour le
premier tour, puis par le vote des participants à la convention
nationale de SF pour le second tour, récompense chaque année une
nouvelle et un roman de science-fiction). Voici les "nominés", comme on
dit dans les endroits chics.
Dans la catégorie romans :
- Transparences (Ayerdhal)
- L'enjomineur-1792 (Bordage)
- La horde du contrevent (Damasio)
- La muraille sainte d'Omale (Généfort)
- La Lune n'est pas pour nous (Heliot)
- Les gardiens d'Aleph-Deux (Marchika)
- La Vénus anatomique (Mauméjean)
Sans surprise, La horde du contrevent
fait partie des sélectionnés. J'espère que ce roman obtiendra le prix,
tant il me semble novateur, ambitieux et plus "littéraire" que les
autres. Je suis aussi très satisfait de la présence de la Vénus anatomique dans
cette liste. C'est mon choix numéro deux. Le roman d'Heliot est un bon
roman, même s'il n'arrive pas au niveau des deux premiers. C'est la
suite de La Lune seule le sait, excellent steampunk qui avait obtenu le Rosny en 2001.
Le
roman de Marchika fait naturellement partie de la liste, puisqu'il a
obtenu de très bonnes critiques. Cependant, pour moi, le succès de ce
livre reste un mystère. Avec un style à la limite du lisible, Marchika
raconte de façon poussive une histoire à la limite du plagiat de
certaines nouvelles des Seigneur de l'instrumentalité (Cordwainer Smith) avec un verbiage pseudo-mathématique en garniture.
Même chose pour Transparence,
de Ayerdhal : ce roman a déjà obtenu un prix lors des dernières
Utopiales, mais je n'arrive pas à m'expliquer cet engouement pour un
techno-thriller bourré de clichés et dont la seule idée science-fictive
(la "transparence" du personnage principal) n'est, primo, pas une
nouveauté puisqu'il s'agit d'un emprunt au personnage des Futurs mystères de Paris de RC Wagner, secondo jamais expliqué dans le cas présent.
Je n'ai lu ni le Bordage (je suis fâché avec cet auteur depuis que j'avais essayé de lire le très creux Les guerriers du silence) ni le Généfort, dont j'avais bien aimé Omale, prix Rosny 2002. Le troisième ouvrage de cette série jouit d'une bonne critique, mais il faudra d'abord que je m'attaque aux Enfants d'Omale, depuis longtemps dans ma pile "à lire". Honni soit qui Omale y pense...
Du côté des nouvelles, on trouve, entre autres :
- Tuning Jack, de Lionel Davoust
- Serpentine (Mélanie Fazi)
- L'accroissement mathématique du plaisir, de Catherine Dufour
- La faim du monde de Xavier Mauméjean
La
première, lue il y a longtemps, ne m'avait laissé aucun souvenir. La
deuxième ne m'a pas enthousiasmé, et c'est un euphémisme... Je crois
que je suis totallement insensible à l'imaginaire de Mélanie Fazi.
J'aurais
bien envie de mettre en tête de mes préférences la nouvelle de
Catherine Dufour, parce que tout ce qu'elle écrit est bien, et ce texte ne déroge pas à la règle, mais L'accroissement mathématique du plaisir n'est pas la nouvelle d'elle que je préfère (s'il ne fallait garder qu'une nouvelle de Catherine, c'est Le cygne de Bukowski, dans l'anthologie D'ici et d'ailleurs,
superbe texte en hommage au vieux poête alcoolique qui montre que si
Bukowski avait été une femme, il se serait appelé Catherine Dufour). Et puis, surtout, dans la sélection retenue pour le Rosny, La faim du monde, superbe nouvelle effrayante et fascinante sur notre rapport à la nourriture, sort vraiment de l'ordinnaire et mérite, à mon avis, la "récompense suprème" !
J-F S.