Le livre de Cendres 1
Je viens de terminer la lecture du premier tome du Livre de Cendres, La guerrière oubliée (de Mary Gentle, éd. Denoël). C'est bien. Très bien, même !
Le cycle raconte la vie de Cendres, mercenaire du XVe siècle qui traine ses guêtres, ses vouges et sa compagnie de brutes stipendiées en France, Bourgogne, Italie... Ça commence comme un roman historique, entrecoupé des notes d'un soit-disant historien traducteur et de sa correspondance avec son éditrice. Petit à petit, on bascule dans l'heroic-fantasy (beurk !) devant l'accumulation d'invraisemblances et d'éléments fantastiques (golems, nuit éternelle, apparitions miraculeuses...).
Mais ces anomalies sont systématiquement justifiée par le fameux historien, comme autant de licences poétiques, figures de style et autre maniérismes propre à l'écriture médiévale. Jusqu'à ce qu'on finisse par se demander si, derrière le voile du merveilleux, il ne se cacherait pas une histoire relevant authentiquement de la bonne et pure SF. Une sorte d'enquête historique (la correspondance de l'historien et de son éditrice nous permet de découvrir des fouilles bien curieuses en Tunisie, puis les bibliothèques les plus prestigieuses sont victimes d'étranges manipulations...) autour d'un récit se rapportant à un univers qui relève plus de l'uchronie (au même titre que les bons romans steampunk sont de l'uchronie) que de l'abominable heroic-fantasy.
À cette intéressante construction, il faut ajouter un univers médiéval crade, puant, réaliste, vivant, et un style qui n'hésite pas à moderniser sans honte les dialogues de l'époque, faisant un intéressant travail de << traduction >> d'un langage ancien, aux antipodes des circonvolutions stylées d'un Robert Merle dans Fortune de France.
Bref, une excellente lecture. Mais à quoi s'attendre d'autre quand on sait que le traducteur n'est autre que le célèbre Patriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiick ? Ai-je dit que la couverture de Sorel était très belle ? Non ? Bon, alors je le dis.
J-F S.